Minorités, migrations, mondialisation sont des notions fonctionnelles récentes et relevant de disciplines diverses, mais qui permettent de penser, pour les périodes anciennes, et notamment au XVesiècle, la construction et la représentation de l’identité dans de nouveaux espaces esthétiques, culturels et linguistiques.
L’objectif est de s’interroger sur la place des minorités, d’observer leurs pratiques, leurs espaces et leurs représentations dans un monde européen mouvant et multilingue, fracturé par les guerres d’Italie et en expansion. Il s’agit ainsi, non pas de traiter l’humanisme et la Renaissance comme un objet uniforme et fini, mais d’observer, à l’échelle transnationale du pourtour méditerranéen, la circulation des textes, des hommes et des idées, dans une période où se forment des théories et des pratiques qui vont évoluer dans des directions différentes, selon des logiques nationales et régionales complexes.
Qui plus est, dans cet espace géographique coexistent, à partir de 1501, les deux grandes monarchies nationales qui se disputent l’hégémonie politique et militaire sur l’Europe du XVIe siècle. Cette confrontation va ainsi donner lieu à une circulation plus directe : manuscrits, imprimés, hommes circulent dans une logique de l’échange, parfois brutal, et de l’influence réciproque.
Les enjeux politiques et sociaux des pratiques et de l’imaginaire des langues, notamment dans le passage de l’une à l’autre (dans la traduction, la diplomatie, les interactions juridiques ou commerciales) complèteront avec profit les traditionnelles études des œuvres littéraires et de leurs enjeux linguistiques en contexte. On pourra s’attacher tant aux synergies régionales qu’aux phénomènes d’antagonisme ou de rivalité (polémique, plagiat, interdiction, censure) et poser la question d’une forme de « littérature-monde » en amont des conceptions modernes de la littérature et des cultures nationales.