Nicolas Diassinous
Le théâtre aristotélicien entre en crise peut-être plus tôt qu’on a coutume de le penser. À une époque de porosité des frontières génériques naît le théâtre des poètes qui, dès le romantisme, entame une mise à distance des caractéristiques du genre dramatique au profit de celles de la poésie lyrique : l’action tend à s’effacer derrière l’expression et le lyrisme, de par sa subjectivité, intériorise le drame. Ce théâtre des poètes du XIXe siècle, parfois plus à lire qu’à jouer, en arrive à délaisser le système de la mimesis, parce qu’il préfère, à la réalité objective et concrète, le domaine plus abstrait des idées. Cette subjectivité qu’importe la poésie dans le genre théâtral pousse finalement les dramaturges à braver le tabou absolu du théâtre aristotélicien, à savoir la présence du poète dans son œuvre : la lyricisation du théâtre entraîne ainsi la manifestation du poète dans sa pièce.
Nicolas Diassinous est agrégé de lettres modernes, docteur en langue et littérature françaises et spécialiste de théâtre. Ses recherches portent sur les questions d’intergénéricité, sur la métathéâtralité, ainsi que sur la réception de la dramaturgie classique au XIXe siècle.